Jean Picart le Doux
Jean Picart Le Doux, né à Paris le 31 janvier 1902, n'a reçu aucune formation professionnelle spécialisée : après quelques cours suivis dans des académies privées, il fait ses débuts dans la reliure et l'édition.
En 1933 il abandonne l'édition pour les Arts graphiques et la publicité. Il expose ses premières oeuvres en 1935, à la Galerie Billiet-Vorms et jusqu'en 1940, étendant dans ce domaine ses activités, participe à différentes manifestations et obtient, au Salon de l'Imagerie, le 1er Prix de l'Affiche de théâtre. La rencontre en 1940 avec Jean Lurcat fut pour lui déterminante : il s'intéresse dès lors passionnément au renouveau de la tapisserie sans toutefois renoncer aux arts graphiques, et exécute en 1944, pour Leleu, ses premiers cartons (décoration du paquebot le « La Marseillaise », et, en 1946, prend part à la grande exposition du Musée d'Art Moderne.
En dehors d'expositions particulières à Paris, ( Galerie de France, 1950 ) à Lausanne et à Zurich, Jean Picart Le Doux participe à toutes les présentations de groupes en province et à l'étranger aussi bien qu'aux Salons des Indépendants, d'Automne et des Artistes Décorateurs.
Vice Président de l'Association des Peintres cartonniers, membre du Comité de la Société des Artistes décorateurs, du Salon d'Automne, de l'Union des Arts Plastiques et du Conseil d'administration de la Maison de la Pensée française, Jean Picart Le Doux a reçu d'importantes commandes de tapisseries pour la Chambre de Commerce de Paris, la Compagnie générale transatlantique, les Messageries maritimes, la Fondation Salomon de Rothschild, le Lycée français à Lisbonne.
Quelques-unes déjà de ses tapisseries ont été acquises par le Musée d'Art moderne, le Mobilier National, la Manufacture des Gobelins et l'une d'elles, le « Cérés » par l'Etat Polonais.
Bien qu'il se soit, comme tous les cartonniers et artistes qui participent, à la suite de Jean Lurçat, à l'actuelle renaissance de la tapisserie, scrupuleusement soumis aux contraintes de la technique traditionnelle des hautes époques, gros point, nombre restreint de tons purs et solides, optique essentiellement monumentale, la personnalité de Jean Picart Le Doux, ses goûts, son imagination, sa sensibilité, apparentent davantage ses oeuvres aux « Nobles pastorales », aux poétiques et apaisantes scènes de la « Vie seigneuriale » conçues et réalisées dans les ateliers des bords de la Loire qu'à l'admirable mais fabuleux bestiaire du Moyen Age.
Il semble que l'artiste, marqué par ses recherches graphiques y ait gagné un sens exceptionnel de la composition, de la « mise en page », allant parfois jusqu'à un certain dépouillement linéaire qu'adoucit la chaleur de la fibre laineuse et l'harmonieux accords de tonalités rares.
Les fleurettes, les herbes stylisées animent des fonds curieusement scandés de points blancs où, sorte de marque personnelle, presque toujours se cache discrètement la grâce d'un oiseau familier, Ce style si caractérisé admet, tout en préservant ses éléments essentiels, une grande variété de thèmes. Personnages uniques : « L' Hiver », « le Dieu marin », « l'Arlequin » centrés au milieu d'un foisonnant décor d'arbres dépouillés, d'algues ou de feuillages ; certaines compositions cèdent à une inspiration Plus intellectuelle et c'est « Cosmogonie », avec ses grandes Plages de silence rythmées par la lettre ; ce sont de somptueuses et denses natures mortes : « Les nourritures terrestres », « la Musique » ou « le Jardin à la française », d'un noble classicisme, la fantaisie féerique et architecturale de « Paris », l'inoubliable poésie de « Neiges » ou le joyeux frémissement d'ailes de cette tenture aux grâces primitives et d'une mélodieuse harmonie « les Oiseaux s'envolent ».
SOURCES : MOBILIER ET DECORATION N° 8 NOVEMBRE 1954
Edité par Les Tapis de Cogoli
œuvres de l'artiste